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Saint Maur Union Sport Cyclotourisme
13 mai 2019

Aventure humide en Wallonnie

Un augure un minimum compétent nous en aurait dissuadé, mais hélas personne dans notre groupe de 10 vaillants SMUSards et SMUSardes n'a su lire les Signes. La route déjà, la veille au soir, nous faisait sentir que nous n'étions pas les bienvenus, fumant sous l'averse tel un chaudron infernal. Pas de rideaux dans les chambres. Une machine à café récalcitrante au petit déjeuner. Et sur le parking, Didier qui explose non pas une mais 2 chambres à air avant même d'avoir enfourché la selle, dans l'hilarité générale. Pauvres fous a du se dire le destin, j'aurais pourtant fait de mon mieux pour vous éviter ce qui va suivre. 

Mais rembobinons un peu. Nous sommes à Rochefort, dans les Ardennes Namuroises, pour participer à l'édition 2019 de la bien nommée randonnée "La Magnifique", fierté justifiée du club local. L'elite du SMUS est présente, je ne vous ferai pas l'affront de les nommer, nous savons tous de qui nous parlons. Les aléas logistiques font qu'après une arrivée en ordre disparate la veille, nous nous retrouvons au petit déjeuner samedi matin à 7h. Le buffet est pléthorique, les croissants croustillants et le oeufs servis à la demande au goût de chacun. Dehors, une légère bruine a remplacé les seaux d'eau de la nuit. Une nouvelle fois il semblerait que la météo se soit bien foutu dedans en nous annonçant un déluge. L'humeur est légère, on plaisante, on parle cassette et développement et on se gausse des qualités de grimpeur supposées de son voisin de table, qualités qui vont être mises à rude épreuve lors de ce premier test de dénivelé de la saison. Bref, la journée s'annonce bien. Comme évoqué plus haut, le materiel joue des tours à certains juste avant le départ, mais rien d'irréparable, Robert veille. Sur le chemin des inscriptions, la pluie s'intensifie. Les premiers doutes commencent à poindre dans l'équipe, et le grand parcours de 185 km choisi par votre serviteur lui semble un peu ambitieux avec ces conditions. Allons, courage. Faisant fi des assauts climatiques notre troupe s'élance. On fera le point au premier ravito.

Dès la première bosse, la hiérarchie des forces en présence apparaît. Devant, les deux Didier et Thierry font savoir qu'ils ne sont pas venus là pour compter les pâquerettes. Derrière, les dames, prudentes et raisonnables comme à leur habitude, distribuent avec parcimonie leurs tours de pédales, la journée s'annoncant longue. Les gentlemen les accompagnent, et je décide temporairement d'en faire partie. Mon coté bourrin ne va pas tarder à reprendre le dessus, mais n'anticipons pas. 

20190511_084154

 Thierry et Didier font le tempo dans la première bosse. A ce stade, les orteils etaient encore secs et les doigts souples. Ca n'allait pas durer bien longtemps, ce qui explique que c'est la seule photo que vous verrez dans cet article. 

Cette fois il pleut vraiment fort, et ça ne va plus s'arreter. Les quolibets usuellement réservés à l'incurie proverbiale des météorologues n'ont plus cours. Nous étions prévenus, nous n'avons pas écouté, tant pis pour nous. Au bout de 10 minutes, nous n'avons plus un fil de sec. Chaque descente devient un supplice, un toboggan mortel, glissant et boueux. L'air glacial et saturé d'humidité arrache calorie sur calorie à nos corps frigorifiés. Le répit vient dans les bosses, seules susceptibles de nous réchauffer un peu, c'est le monde à l'envers. Le groupe est éclaté, chacun roule dans sa bulle, rentre la tête dans les épaules. Il n'est plus question de rire ou de plaisanter. Mais que sommes nous venus faire dans cette galère?

A la faveur d'un abri bus providentiel, un regroupement s'opère. Il est unanimement décidé de revoir les ambitions à la baisse, 120 km de ce pensum suffiront amplement. Pour me réchauffer je décide de changer de stratégie. Abandonnant toute galanterie, je laisse mon épouse derrière et je pars bûcheronner en éclaireur. Je suis quand même un peu gêné, mais devant mes atermoiements elle me signifie d'un regard courroucé qu'elle n'est plus une gamine et quelle est parfaitement capable de se débrouiller toute seule, alors pas besoin de faire semblant d'etre prévenant, merci. Elle me connaît trop bien. Il parait que j'irradie tellement d'ondes négatives que ça l'empèche de pédaler.

Un temps, cette stratégie du sanglier va marcher. Cravachant dans les bosses, j'echappe temporairement à la morsure du froid et je rattrape même un par un des grappes de cyclos qui comme nous sont venus se fourvoyer sur ces routes détrempées. Futile ego masculin, je tire de chaque dépassement une joie mauvaise. L'absurdité du fait que je sois le seul à faire la course sur ce parcours non chronométré ne m'apparaît pas mais le karma se rappelle à moi à chaque descente. Les freinages dans des pentes à 10% en dévers et sur une chaussée détrempée, les doigts engourdis par le froid, demandent une attention que mon esprit embrumé peine à fournir. Je maudis cette propriété étrange de l'eau de pluie, à la lubrification variable. D'un coté elle annihile tout frottement entre les pneus et la route et les patins et la jante, de l'autre elle érode vicieusement la transmission qui emet des craquements sinistres à chaque passage de rapport. Ce mystère rhéologique m'échappe. 

Au soixantième kilomètre, cette cavalcade effrénée m'amène au premier ravitaillement. J'y retrouve un groupe de cyclistes belges très mouillés en train de grelotter sous les tentes de l'organisation. Ils jettent l'éponge et appellent leur camionnette de support qui vient les chercher. Ça me parait une tellement bonne idée que je décide d'attendre le reste de la bande pour leur faire part de ce plan. Un des gars du club organisateur, complètement abattu par ce traquenard que leur joue la météo, me signifie avec un fort accent local que c'est effectivement la meilleure chose à faire. "En passant par Libin et Tellin une T8 n'est qu'à peine à 20 km". Mon cerveau au ralenti met un certain temps à comprendre qu'il me propose un raccourci pour rentrer à Rochefort, et qu'une fois sur place je serais bien inspiré de commander une bière trappiste de 8 degrés pour me réconforter. Enfin la lumière au bout du tunnel. J'attend donc le SMUS, en tremblant comme si j'avais avalé un marteau piqueur. 

Cinq gauffres et d'innombrables morceaux de banane plus tard, le SMUS arrive en ordre dispersé. Thierry a parait il réussi à se perdre dans Saint Hubert, ce qui est une performance tant le fléchage réalisé par nos amis belges est au dessus de toute critique. On se croirait sur une cyclosportive ASO. A sa décharge, il faut dire qu'on n'y voit rien. On a de l'eau plein les lunettes et si on ne met pas de lunettes on a de l'eau plein les yeux. Il n'y a pas de débat, on rentre. Sur le chemin certains ne résisteront pas aux sirènes d'une frite, mais je décide d'accompagner la présidente et Florence et de rentrer directement. Pas par galanterie, oh que non, j'ai juste peur de ne pas pouvoir repartir si je m'arrète. Et puis de toute façon, une T8 m'attend à Rochefort. 

Épilogue

Dans l'après midi, sechés nourris et réchauffés par le divin brevage local, nous décidons de visiter les grottes de Han. Visite qui vaut largement le détour soit dit en passant. Après 2 heures à s'emerveiller dans la pénombre sur ces splendeurs souterraines, nous ressortons au grand jour, accueillis par un soleil radieux et un ciel d'un bleu immaculé. Quelqu'un, la haut, s'est vraiment foutu de nous en ce samedi 11 mai 2019. 

Bilan

Un echec cuisant, sous un déluge glacé. 185 km sont devenus 80, qui en ont parus 300. N'y allons pas par quatre chemins, c'était un supplice. Pourtant, la région est magnifique, la balade porte bien son nom. C'est à trois heures de Saint Maur, l'organisation est irréprochable, la biere excellente, l'hotel confortable, le petit dej au top et les parcours splendides si on aime les bosses. Rendez vous est donc pris pour la prochaine édition. Je ne manquerai pas cette fois de faire plus attention aux Signes.  

 

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